Facebook-« gilets jaunes » : comment le réseau social remet en question les médias traditionnels

Depuis le début du mouvement, les “gilets jaunes” préfèrent Facebook pour s’informer, s’organiser et discuter. Le réseau social, qui compte aujourd’hui quelque 2 milliards d’utilisateurs dans le monde dont 38 millions en France, concilie à la fois : plateforme de discussion, lieu de rassemblement et espace d’information. Alors, Facebook sonne t-il la fin des médias traditionnels ?

Vers la fin des médias traditionnels ?

En France, selon une étude de Reuters sur la consommation de l’information, en 2018, l’usage des réseaux sociaux pour s’informer est en forte augmentation depuis 2015. Loin devant la presse papier qui, il y a 6 ans, était pour 46% des Français, l’une des principales sources d’information. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 20% à préférer le papier à l’écran.

Ceci s’explique principalement par le fait que les Français sont de plus en plus sceptiques sur la véracité des informations qu’ils peuvent trouver dans les médias traditionnels mais, aussi par le fait que ces médias sont “largués” des véritables problèmes, informations qui intéressent et touchent les Français.  

Médiatiquement, les journaux s’intéressent plus au fait divers et nient trop souvent la réelle souffrance sociale, les réels problèmes des Français. Par conséquent, celle-ci cherche à s’exprimer, notamment sur les réseaux sociaux. C’est le cas des “gilets jaunes” qui étaient souvent sous représentés dans l’espace médiatique avant le début du mouvement.

Ce qui explique que sur internet, des « gilets jaunes » lancent leurs propres médias suite à la défiance exprimée par nombreux d’entre-eux vis-à-vis des médias traditionnels. C’est notamment le cas de « Vécu » et « France Actus » qui enregistrent des millions de vues en quelques jours et notamment sur les réseaux sociaux.

Facebook a-t-il donné une puissance politique aux “gilets jaunes” ?

Du printemps arabe au mouvement #Metoo, les réseaux sociaux ont souvent changé la donne politique dans le monde.

Avant de s’emparer des ronds-points, c’est bien sûr les réseaux sociaux, et notamment sur Facebook, qu’est né et que s’organise le mouvement des “gilets jaunes”.

Avec sa nouvelle stratégie et son nouvel algorithme, Facebook souhaite depuis début 2018 prioriser davantage les contenus des groupes que celui des pages et ainsi des médias.

Depuis cette mise à jour, de nombreux médias subissent le nouveau fil d’actualité de Facebook et certains en sont victime. C’est le cas dans l’hexagone de “BuzzFeed” qui voit son trafic issu principalement de Facebook, chuter. L’entreprise s’apprête donc à supprimer 15 % de ses effectifs, soit entre 220 et 250 personnes.

Effectivement, Mark Zuckerberg a décidé de revenir à son modèle économique de base, ainsi qu’à son audience qui a fait le succès du réseau. Cette nouvelle stratégie vise principalement les internautes à créer du lien et échanger plus entre eux.

Toutefois, Facebook n’a pas créé le mouvement des “gilets jaunes” mais il a servi d’incubateur. Il a surtout servi d’organisation de la lutte. Laurent Solly, vice-président de Facebook France a lui-même déclaré dans le Journal du Dimanche du 3 février 2019 que : ”Facebook n’a ni créé ni amplifié ce mouvement ». Selon lui, « nous donnons les outils, mais nous ne favorisons aucun mouvement », Facebook permet avant tout de « donner une voix à chacun ».

Pour les “gilets jaune”, le réseau est un moyen de coordination, de communication et de structuration. C’est pour eux, un espace de revendication. Facebook est donc devenu un « outil d’opposition ».

D’administrateur de groupes à porte-parole du mouvement

La France en colère” 75 135 membres, “Gilet jaune” 169 573 membres, ou encore “JeSuisGiletJaune” 108 412 membres : depuis le début du mouvement, pour essayer de l’organiser,  de nombreux groupes et pages se multiplient sur Facebook.

Dans ce mouvement qui se dit “apolitique” et sans “représentant”, de nombreux anonymes et administrateurs de groupes Facebook semblent avoir pris le rôle de “porte-parole”, “meneurs” ou encore “organisateurs”.

Aujourd’hui les noms de Priscillia Ludosky ou encore d’Eric Drouet ne vous sont plus inconnus car ils sont souvent cités ou invités des médias. Il s’agit à chaque fois d’initiateurs du mouvement. Que ce soit par le biais de pétitions, d’événements Facebook, d’administrateurs de groupes Facebook ou d’auteurs de vidéos virales.

C’est également le cas de Jacline Mouraud, qui s’est fait connaître en se filmant avec son téléphone en “Live Facebook”. Sa vidéo a été visionnée plus de 6,3 millions de fois sur le réseau social de Mark Zuckerberg.

Alors, “le jour de gloire” est-il arrivé pour les “gilets-jaunes” ? Facebook a-t-il raison des médias traditionnels ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *